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Les petits carnets
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31 janvier 2009

Parfois, les bébés s'envolent

Quand la nouvelle est tombée, la maison était pleine du bruit d'un samedi après le déjeuner : les enfants jouaient "encore 5 minutes" avant d'aller faire leur sieste, je terminais de préparer les tartelettes pour le goûter en bavardant avec Pacsette qui débarrassait la table. Une fois de plus, on avait oublié de remettre le son du téléphone portable et on n'avait pas entendu le message arriver. C'est Pacsette qui l'a vu la première et le ton avec lequel elle a juré m'a surprise. Elle m'a dit, mais j'ai eu besoin de lire pour bien comprendre tant ses mots étaient dénués de sens : le cœur du petit bébé niché dans le ventre de nos amies ne bat plus. C'est ce moment précis qu'a choisi MamzelleLilise pour faire une petite bêtise et nous nous sommes instinctivement fâchées outre mesure, comme s'il fallait bien trouver une raison d'exprimer de la colère. La petite fille nous a regardées d'un air surpris puis est retournée à son jeu. Nous sommes restées debout, silencieuses, vides de mots, presque vides d'émotions sur le moment tant la nouvelle nous semblait surréaliste, impossible, insensée. Les mots sont revenus peu à peu en se bousculant, tentant de comprendre ce qui n'aurait jamais de sens, posant des questions qui n'avaient pas de réponses, des mots tristes, des mots maladroits, des mots dérisoires. Nos enfants criaient en jouant et je me suis sentie coupable, coupable d'être une maman quand d'autres se voyaient refuser cela, coupable d'avoir porté la vie quand une si petite s'était arrêtée. Coupable de me sentir coupable alors qu'on ne m'avait rien demandé.
Plus tard, j'ai expliqué à MissLou que ce petit bébé dont on parlait tant et dont elle avait caressé le nid s'était envolé. Elle n'a pas bien compris pourquoi mais a accepté qu'il ne fallait pas chercher à comprendre, que c'était ainsi, que parfois on ne sait pas expliquer le pourquoi des choses, que seule reste la tristesse. J'ai ajouté que chez nous aussi des bébés, bien plus petits cependant, s'étaient envolés. Que c'était même grâce à eux que c'était MamzelleLilise qui était née, finalement, et pas un autre enfant. MissLou a écouté sans rien dire, sans rien faire d'autre que me regarder au fond des yeux, toute sérieuse, toute grave.

Au moment du dernier baiser, ce soir, nous avons eu une douce pensée pour ce petit bébé, envolé de son nid mais bien installé dans nos cœurs.

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