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Les petits carnets
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3 février 2009

Ecole buissonière

Ce lundi matin avait pourtant commencé comme tous les autres, par un réveil un peu trop matinal mais pas pesant pour autant, par des instants partagés avec les enfants, un œil toujours rivé sur la grande pendule de la cuisine qui seule dicte le ton plus moins pressant de nos voix. Il y a quelques mois encore, avant cette première rentrée scolaire pour MissLou et cette première année chez la nounou pour MamzelleLilise, nous redoutions ces petits matins que nous imaginions toujours trop pressés, parfois un peu agacés. Finalement, le rythme a vite été pris et nous sommes plutôt fières de parvenir à prendre le temps d'être ensemble malgré tout, fut-ce avec une MamzelleLilise qui furète sous nos jambes pendant qu'on se pomponne ou avec une MissLou qui vient terminer sa tartine sur la petite marche de la salle de bain pour être plus près de nous. Depuis que MamzelleLilise a découvert le plaisir de profiter des dernières minutes de la nuit dans son lit, nous avons même droit à des petits déjeuners tranquilles, entre mamans, qui nous rendent bien plus disponibles ensuite à la déferlante qui suit le lever des filles.
Ce matin donc, rien ne laissait présager que cette journée saurait nous surprendre. Seule la neige qui nous a accueillies à l'ouverture du volet du salon aurait pu nous mettre sur la piste mais son arrivée avait été annoncée avec tant d'alertes orange que la magie en était un peu abîmée. Nous avons donc quitté la maison deux par deux comme tous les matins, Pacsette accompagnant MamzelleLilise chez sa nourrice, moi-même accompagnant MissLou à son école puis partant pour la mienne. Sur le chemin, nous nous sommes réjouies d'être les premières à laisser nos empreintes sur la neige du trottoir de notre petite rue, puis nous avons regardé avec envie et curiosité les grands de l'école primaire qui nous doublaient, suivis de parents tirant de lourdes valises, promesses de voyage avec les copains. C'est en arrivant devant la petite porte de la salle de classe de MissLou que j'ai vu la pancarte verte qui annonçait une maîtresse absente jusqu'à jeudi. J'avais beau avoir travaillé tout mon dimanche pour préparer ma journée, je n'ai pas hésité une seconde. L'aubaine était trop belle ! J'ai embarqué ma petite demoiselle avec moi et me suis présentée avec elle à mon travail, expliquant ma déconvenue et mon embarras. Mes derniers scrupules se sont envolés lorsque j'ai lu la longue liste de collègues empêchés de se déplacer à cause des routes enneigées et quand j'ai vu le peu d'élèves dans la cour. Tant pis, j'aurai bien le temps de rattraper mes quelques heures de la journée avant les vacances, et de profiter ainsi d'effectifs complets. Les hasards de la vie avaient décidé que l'école serait buissonnière aujourd'hui et nous n'allions pas bouder notre plaisir.
Notre plus grand luxe de la journée fut d'ignorer royalement la grande horloge de la cuisine dont même les tic-tac ne nous impressionnaient plus. Nous avons savouré chaque instant de cette journée volée aux obligations habituelles. Nous avons chanté, dessiné, peint d'abord avec les doigts, puis avec des pinceaux puis avec une éponge, nous avons chanté encore puis cherché le DVD des Fabulettes que nous avons regardé ensemble, serrées l'une contre l'autre dans le fauteuil rouge. Nous avons cuisiné un gâteau dont nous ignorions la recette ce matin encore. Nous avons causé coiffure et barrettes multicolores. Nous avons fait du découpage et j'ai souri en découvrant que je progressais de la main gauche, que j'étais prête à enseigner cet art à ma fille. Nous avons sorti une grosse pile de livres, nous sommes calées l'une dans l'autre sur le canapé et nous n'en avons finalement feuilleté que deux, mais plusieurs fois de suite.
A partir du goûter, le temps sans MamzelleLilise a commencé à nous sembler bien trop long et c'est avec un peu d'avance que je suis allée la chercher pour qu'on soit enfin au complet. La si petite fille semblait avoir bien senti que j'étais parfumée à la MissLou plutôt qu'à une journée passée au travail et elle m'a d'abord boudée, se cambrant dans mes bras, criant, refusant de s'habiller comme pour refuser de rentrer dans cette maison qui l'avait un peu trahie aujourd'hui. Mes mots doux et mes caresses ne l'apaisaient pas mais dès qu'elle a vu sa grande sœur et sa Mimi qui attendaient impatiemment son retour derrière la fenêtre, elle a ri de les voir là toutes deux. Elle a  néanmoins mis quelques minutes avant d'accepter de nous faire un baiser, comme pour bien signifier à toutes qu'elle n'était pas dupe mais elle a ensuite vite retrouvé sa bonne humeur et s'est lancée dans nos jeux. Elle nous a même fait le cadeau de ses premiers vrais pas de grande, seule, sans appui. Observant ma si petite fille prendre son élan pour devenir grande, je me suis promis de lui consacrer une belle journée, à elle toute seule, dès le début des prochaines vacances.

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