Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les petits carnets
Les petits carnets
Publicité
Archives
6 février 2009

Jeudi noir

Il est des mots si lourds que même ici il est bien difficile de les poser tant ils crèveraient l'écran.
Jeudi fut un jour d'orage et la soirée laissera de vilaines traces dans nos esprits. Mais la vie est ainsi faite que les choses finissent toujours pas reprendre leur cours, cahin caha, et le vendredi, au petit matin, les premiers mots de ma petite demoiselle à peine éveillée furent pour me demander pourquoi quelques heures avant je m'étais "enroulée dans le grand manteau" et pourquoi j'étais partie seule dans la nuit, comme ça, si j'avais bien fait attention en traversant les rues. J'aurais eu bien du mal à lui expliquer que j'avais eu besoin d'air, besoin de respirer, besoin de silence pour penser, besoin de me perdre dans la nuit pour me retrouver dans mon esprit et que, même quand je suis revenue devant notre maison, j'ai mis plusieurs minutes avant de comprendre que oui, c'était bien là chez moi, que j'avais une place encore auprès d'elles, qu'elles m'attendaient. Je ne pouvais pas dire à une si petite demoiselle que je n'avais jamais imaginé qu'un jour je partirais ainsi, que je serais de ces mamans qui parfois ne savent plus, ne peuvent plus, peut-être même, ne veulent plus, du moins quelques heures. D'ailleurs elle n'a pas vraiment attendu de réponse, elle s'est simplement glissée entre mes bras qui tenaient déjà sa petite sœur et elle s'est serrée contre moi, fort, et mes bras qui la serraient ainsi contre mon cœur lui disaient que ce n'était pas de sa faute à elle, que c'était les autres, tout autour, la vie, la société, les soucis, l'enlisement, les "pas de solution" à tout ça, la honte sans doute aussi de n'avoir à offrir que cet horizon à mes enfants qui avaient fait que soudain je n'avais plus su que faire d'autre que rêver juste de disparaître. Et que je n'en étais pas fière.
Petit à petit, la douceur revient dans mon cœur et apaise mon esprit. Nous vivons au jour le jour et c'est la seule manière de vivre vraiment pour ne pas rater les petits riens du quotidien qui sont peut-être la seule raison d'être, finalement. Les soucis, les mauvaises nouvelles, les courriers qui laissent impuissantes reprendront très certainement dès lundi matin mais en attendant, nous avons deux grandes journées à vivre, comme une trêve qui nous serait offerte pour reprendre un peu de souffle.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité