Ce qui sera, sera bien puisque nous sommes ensemble
Une MissLou malade, malgré les
centimètres qui s'additionnent et ne cessent de porter son regard plus
haut, est une MissLou qui a besoin de se blottir encore et encore dans
nos bras et de réchauffer son corps frissonnant contre notre cœur. Une
MissLou malade, c'est aussi une petite tête qui chavire sous les
pensées, les questions, les doutes.
Hier après-midi, quand elle a
hurlé dans son sommeil et que je suis venue lui caresser les cheveux et
lui chuchoter que tout allait bien parce que j'étais là, elle ne m'a pas
reconnue et m'a repoussée avec un cri de terreur. C'était la première
fois. Je suis restée les bras ballants, regardant impuissante ma petite
fille se défendre seule contre une sorcière certes imaginaire mais qui
avait volé les traits de sa maman. Une fois bien réveillée, elle ne se
souvenait même pas que j'étais venue pour tenter de briser son
cauchemar.
Cette nuit, point de cauchemar mais une violente fièvre
qui a eu besoin d'une double dose de mots sussurrés et de caresses sur
le front pour accepter de laisser un peu de répit à la petite
demoiselle. Entre deux accès de forte température, quelques mots
hésitants et la question que l'on sait là, omniprésente, mais à laquelle
pourtant on ne s'attend jamais : "Il est où mon papa ?" Et des mots
encore, pour raconter une nouvelle fois l'histoire de ce petit être qui
existe grâce à la générosité d'un inconnu, et d'autres mots, toujours,
pour expliquer le bonheur immense d'une maman qui ne serait pas sans cet
homme-là ni cette petite fille-là. Alors que MissLou semblait
somnolente, elle s'est soudain redressée pour dire que même si les gens
ne sont pas là, notre coeur pense à eux et qu'ainsi les absents sont un
peu là quand même. Puis elle a conclu, avec la sagesse propre aux
enfants : "Ce qui sera, sera bien puisqu'on est ensemble et qu'on
s'aime."