A reculons
Je me suis
toujours estimée heureuse de ne pas faire partie de ces profs qui
vivent des rentrées le ventre noué et la gorge sèche. Ni de ceux qui
se sentent mieux assis derrière leur bureau plutôt qu'en plein dans
l'arène. Ni de ceux dont le coeur s'accélère soudain quand la cloche de
début de cours sonne. Ni de ceux qui évitent d'écrire au tableau pour
toujours regarder devant eux.
Et pourtant. Pourtant, je dois bien me
rendre à l'évidence : cette année, plus les mois passent moins je dors
les nuits de dimanche à lundi. J'ai beau profiter de ces longues heures pour tenter d'analyser ce phénomène nouveau, les
yeux grands ouverts fixant un plafond rendu pratiquement invisible par
l'obscurité, je ne me l'explique pas. D'autant moins que je ne pense
pas spécialement à mon travail durant ces moments-là ; ma seule
préoccupation est plutôt de m'endormir enfin pour mieux me réveiller
quelques heures plus tard. Tout bêtement. Mais rien n'y fait. Et les
réveils sont plus durs chaque lundi matin, m'imposant des débuts de
semaine à chaque fois plus éreintants.