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Les petits carnets
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29 janvier 2009

Sa douceur, comme autant de petits cailloux sur mon chemin

Je m'étais bien préparée moralement à renouer avec ce qu'on est censé considérer comme une vie normale même si ce ne le sera jamais vraiment pour moi. J'étais même plutôt contente, lundi matin, de retrouver mon travail, mes élèves, mes collègues. J'avais emmené Mérimée avec moi pour me soutenir un peu et les intriguer beaucoup avec sa statue si belle qu'elle fait baisser les yeux des hommes. Je n'ai pas eu le temps de l'ouvrir. Je n'ai même pas eu le temps de dire bonjour à ma première classe du jour. J'ai juste eu le temps de m'interposer avant que le second coup ne parte et que les deux garçons ne roulent à terre. Autant dire que j'ai été vite replongée dans le bain. Depuis, les heures là-bas se suivent, se ressemblent et pourtant je ne m'y fais toujours pas.

P1100034NB Alors le soir, quand je rentre, je me plonge dans les si grands yeux de MamzelleLilise. Si grands et si innocents encore. Je regarde ma toute petite fille découvrir la douceur, faire ses premiers câlins, ses premiers baisers encore bien maladroits mais déjà si bons. Je profite qu'elle m'escalade pour se nicher dans mon cou pour la serrer fort contre moi et tout oublier en une seconde. Je me dis que ma vie, ma vraie vie est , tout contre elle. Je suis pas à pas sa douceur, comme autant de petits cailloux semés sur mon chemin et qui me conduisent vers un monde où la violence de certains ne masque pas complètement les belles choses accomplies par d'autres, un monde où la misère n'est pas complètement enfouie sous l'espoir. Je me demande comment je peux faire pour la protéger. J'essaye de résister à l'envie de plus en plus pressante de la prendre sous un bras, de prendre sa sœur sous l'autre et de fuir. Vite. Loin.
Et puis vient toujours un moment où les visages de mes élèves s'imposent à nouveau à mon esprit. Un moment où je me dis qu'il faut que j'y retourne, vraiment. Parce que, pour certains, il n'y a plus qu'à l'école que des adultes croient encore en eux, que des adultes se lèvent encore pour eux le matin.

Mérimée attend patiemment dans mon sac de pouvoir leur être raconté et il a tout son temps.


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